J'étais assis à une table de ce bar miteux, au milieu des fumeurs et des alcooliques. Je me sentais bien seul, suffoquant dans ce nuage de fumée. Il faut dire que j'avais préféré le pratique à la qualité en décidant de ne pas trop m'éloigner de chez moi. C'était tant pis pour moi. Remarque, la perspective de rentrer tard en fauteuil roulant et de traverser la moitié de la ville de nuit n'était pas non plus idéal, il faut le dire. Dans tous les cas, j'aurais souffert et trouvé à me plaindre. Tiens, il y avait bien aussi une autre chose sur laquelle je pouvais cracher : Il était en retard.
Qui ça, « il »? Oh oui, laissez moi vous expliquer. Vous vous souvenez de ce type plutôt louche que j'avais fait monter dans mon appartement, un soir ou je m'ennuyais beaucoup ? Oui, et bien c'était lui que j'attendais. Quoi ? Moi ? Fou ? Non. Depuis quand on n'a plus le droit de se pauser autour d'un verre avec quelqu'un que l'on a rencontré la veille au soir ? Et puis, ce n'était pas comme si je ne savais rien de lui, non grâce aux « action chiche ou vérité » – qui à vrai dire se réduisait à «vérité » seulement – j'avais pu apprendre beaucoup de chose sur sa personne. Pour vous dire, j'en savais presque plus sur lui que sur mes voisins. Remarque, qui voudrait faire ami-ami avec Mrs. Lawleaster, la vieille folle qui se balade seins nu dans les couloirs...Hum hum. Je recommence à monologuer avec moi même, c'est fâcheux...

Sans compagnie, je n'avais aucun moyens de détourner mon attention de cette horloge dont l'aiguille des heures ne cessait de tilter sur le même chiffre, ou encore de cette musique western bon marché qui devait certainement empêcher la moitié des gens qui peuplaient la pièce de sombrer dans un profond sommeil, ou encore le bruit très énervant qu'était le grincement de la chaise d'un homme qui se balançait au bout de la pièce. Oui, j'étais à deux doigts de craquer. En plus de cela, j'entendais très bien les moqueries de quelques rednecks qui se croyaient très intelligents parce que capable de trouver miles et uns sobriquets pour moi. Mais je ne réagissais pas. Non. Parce qu'ils étaient justement trop peu évolués et préparés pour ce que j'aurais pu leur dire.
Je levais finalement la main, désespéré, à bout de force. J'allais commencer les festivités sans lui, tant pis. Le barman me regarda de travers. Il ne devais pas voir le bas de mon corps de là où j'étais et devait certainement me prendre pour l'un de ces jeunes péteux incapable de marcher jusqu'au comptoir pour se servir. Remarque, c'était un peu ce que j'étais, en fait.
Voyant qu'il ne régissait pas, je pris les devants.

« Monsieur, si vous aviez la courtoisie de m'apporter un des ces grands récipients en verre d'origine allemande que l'on appelle ''pinte'' et de bien vouloir la remplir de bière, ne pouvant me déplacer aisément en raison d'un véniel problème moteur ! Je vous en serais fort reconnaissant, merci mon brave ! »

Je venais de hurler cela à tort et à travers dans la pièce. Les regards se tournèrent vers moi, je souris tout simplement, leur offrant mon regard le plus hautain. Ne faites jamais patienter un anglais et ne le prenez pas non plus pour un idiot.
Après un moment d'hésitation, ne sachant vraiment dire si j'étais fou ou juste impatient, le barman fini par me servir ma boisson et même gracieusement me l'apporter, m'adressant un rictus gêné en voyant mon fauteuil. Je le remerciais brièvement avant de boire une gorgée.
Bon. J'étais aussi fixé sur la qualité de leur bière, maintenant. On était loin de la Guineas de ma jeunesse, hélas. J'allais sûrement m'habituer à ce goût, encore une fois -mais pour l'instant, j'allais juste me pincer le nez et avaler d'un coup...

Je posais la pinte vide sur la table avant d'en commander une nouvelle et de recommencer le même exercice digne de celui de l’immunisation à un poison. Je posais un coude sur la table, déviant toute éthique, et m'appuyait sur ma main, blasé.

« Mais qu'est-ce qu'il fait ? Oh pitié seigneur, faites le venir une fois pour toute. »

J'entendis une petite sonnette cliqueter. La porte du bar s'ouvrit et un homme pénétra dans la salle. Je venais d'avoir une preuve tangible de l'existence du tout puissant. Il était là. Il venait d'arriver.

Ce n'était nullement sa faute s'il était en retard.
John avait simplement décidé de faire une petite sieste avant de se rendre au pub convenu, juste histoire de ne pas se mettre à piquer du nez dans sa boisson en plein milieu d'une conversation. Seulement, le tas de rouille qui devait dater de l'âge de pierre lui servant de portable qui était censé le réveiller avant rendu l'âme sans qu'il ne se soit douté de rien.
C'était donc en catastrophe qu'il s'était levé en réalisant qu'il ne lui restait que 10 petites minutes alors que le pub se trouvait à une bonne trentaines de chez lui.

Il se dépêcha de mettre un pull propre avant de réaliser que c'était un pantalon, se cogna l’orteil contre la commode et faillit dégringoler des escaliers tellement il était en retard. Han nan, ça se faisait pas, c'est tout.

Il fit de son mieux pour gagner du temps, marchant au trot presque.
Il soupira de soulagement en trouvant l'emplacement du bar et attendit quelques minutes avant d'entrer, histoire de reprendre du souffle.

Le bar sentait fortement la cigarette et l'alcool, tout à l'image des quelques clients avachis sur leur table ou le comptoir. La plupart d'entre eux étaient assoupis, carrément.
A peine arrivé et déjà que John avant hâte de sortir. Il chercha du regard son compagnon et fini par le repérer assis vers le milieu, une pinte vide à coté de lui. John se demanda depuis combien de temps il avait attendu, pauvre type.

John se dirigea vers la table et tira sa chaise, procéda de s'asseoir alors que le bois de la chaise gémit sous son poids.


Oui.. comme le témoignait la marque de draps encore fraîche sur sa joue.

John se retourna et cria au barman de lui apporter une vodka, avant de reporter son attention à nouveau sur Sherlock.

Il parlait à voix basse, comme pour ne pas déranger le reste des clients qui étaient muets comme des tombes, à l'exception de grognements occasionnels. Le barman vint poser son verre d'un geste sec avant de repartir pronto. John en bu une longue gorgée, l'alcool sec et fort ne manquant pas de titiller sa gorge avec délice. Son verre retrouva contact sur la table, bien entamé. John eut un petit rictus amusé et se pencha au dessus de la table dans le but de dire quelque chose dans l'oreille de son compagnon, la voix toujours aussi basse.

Dis-je tout en regardant fixement la trace des draps – je suppose- qu'il avait sur la joue. Ah. Il se foutait littéralement de moi. Je ne préférais rien dire. Après tout, à qui cela n'était-il jamais arrivé ? Les pannes de réveil sont tout à fait excusable.
Je repris mon verre en main et bu de nouveau une gorgée de cette affreuse boisson. Bon sang, on eut dit du citron gazeux, rien de plus ! Je laissais le verre de côté, une légère grimace accrochée au visage.


Je jetai un coup d’œil vers sont verre de vodka. C'est qu'il n'avait pas froid au yeux, il commençait sur les chapeaux de roue ! S'il faisait ça tout les soirs, ou continuai à ce train là, il n'allait pas tenir le choc. Quoique, il semblait avoir une connaissance assez large sur les alcools en tout genre, vu l'état dans lequel je l'avais retrouvé la dernière, devant chez moi, fouillant dans les poubelles. Je recommence à devenir méchant ? Autant pour moi.
Oui, je faisais donc bel et bien la tête, comme l'avais fait si justement remarquer notre ami retardataire. Ah, je ne me lasserais jamais de sa perspicacité !


Et oui, mes origines m'inclinaient à être quelqu'un de difficile en ce qui concernait les boisson de ce genre. Il faut dire que de là où je venais, je n'avais le droit qu'au meilleur, à la qualité ! Et maintenant, à quoi étais-je réduis ? A...a...A de la pisse d'âne, bon Dieu ! Et voilà que je blasphème. Raah. Allez, calme toi Sherlock, détend toi, tu es venu ici pour passer une bonne soirée...
Je tournant de nouveau mon regard azuré vers mon interlocuteur, m'efforçant de sourire sans que cela paraisse trop faux. Il n’empêche que malgré mon agacement, sa proposition avait su piquer ma curiosité à vif. Y avait-il vraiment un endroit comme cela à Cirmson City ? Si c'était bien le cas, il fallait que je sache où il se trouvait ! Je me penchais donc un peu plus à mon tour sur la table.


Je croisais les doigts pour que ce ne soit pas un odieux mensonge ou encore être déçu par le dit lieu. La soirée commençait déjà mal, j’espérais que ça ne continuerait pas.

Le sourire de John ne fit que s'élargir, une lueur énigmatique semblant s'animer au fond de ses yeux.


Il lui fit un clin d'oeil complice et fini son verre d'une traite puis 'fouilla dans sa poche pour en sortir deux billets tout chiffonnés, de quoi payer leurs boissons. Se fichant pas mal de recevoir la monnaie, il se leva fissa et s’apprêtait à quitter les lieux avant de se rappeler que Sherlock était sur roulettes, revint sur ses pas et se positionna derrière lui pour le pousser.


Bientôt le duo se trouva dans les rues, John menant - enfin poussant Sherlock dans le chemin à emprunter.

Il se pencha en essayant de voir dans le regard de Sherlock s'il l'écoutait, abandonna presque aussitôt.


Enfin John s'arrêta devant des escaliers dans une ruelle, entreprit de descendre les marches doucement toujours en assurant Sherlock. Il poussa la porte à battants et des lumières multicolores les inondèrent immédiatement, une musique résonnant, quelque peu étouffées par la distance. John conduisit son nouvel ami au bout du petit couloir et poussa une autre porte, cette fois-ci pénétrant dans l'établissement, les lumières encore plus intenses et la musique à son maximum. John regarda autour de lui en semblait attendre la réaction de son compagnon. Quelques regards se tournèrent vers eux mais se détournèrent rapidement, ne s'intéressant pas plus que cela aux nouveaux arrivants. L'endroit était nettement plus bondé et plus animé; certes, la fumée causée par les fumeurs entres autres
obstruait léééégèrement la vue, mais ce n'était pas si désagréable, du moins pour John.

« Ca c'est ce que j'appelle un bon bar. A défaut de pas pouvoir te déhancher sur la piste, ça te dit un autre verre? Enfin, je suis pas trop du type danseur, t'façon... »

Et hop les voilà qui étaient assis au bar. Un coude sur le comptoir, John commanda un petit whisky pour lui, puis se remit à fouiller dans ses poches. Il en sortit un joint qu'il alluma le plus naturellement du monde, en prit une bouffée qu'il expira avec lenteur, silencieux un moment. Ses yeux se posèrent à nouveau sur Sherlock, le fixant l'air de ne pas comprendre son air scandalisé.

Je rêve. Une boîte de nuit ? Vraiment?
Je regardai autour de moi. Effectivement, c'était bien un discothèque. Mal fréquentée en plus. Je regardais mes pieds. Il voulait que je danse ? Je ris en instant. Parce que mieux valait ça qu'en pleurer. Je baladais de nouveau mes yeux sur le paysage animée et coloré par les lasers flashy. Je voyais des gens danser, sauter, faire des choses dont je n'étais plus capable. C'était terriblement plaisant de me dire que plus jamais je n'aurais l'occasion de me ridiculiser de la sorte. Moi, je glissais sur la piste entre les nombreux danseur amateur, poussé par John qui avait la délicatesse de m'éviter les galettes de vomi. Nous arrivâmes finalement au comptoir qui était un peu éloigné la piste -fort heureusement- mais trop haut pour moi. La musique continuait tout de même de nous briser les tympans, mais en un sens, c'était déjà plus agréable que la musique country que ce vieux pub miteux jouait en boucle.

Mon compagnon de beuverie Se posa contre le bar avant de commander. Je haussais la voix pour à mon tour faire savoir ce que je désirer – en l’occurrence un Bloddy Mary mais, ah ah, sans jus de tomate – faute de pouvoir faire directement face à la barmaid en petite tenue.
Mon camarade entrepris alors de fouiller dans ses poches tel un spéléologue, il faut dire qu'il devait y avoir un sacré bordel la dedans, avant d'en sortir une feuille, du tabac et un petit carré vert. Oh Tiens. Étrange.


D'accord. Un pétard. Je le regardait un instant, presque blasé. Non. Complètement blasé. J'aurais dû m'y attendre. Je posais mes coudes sur les accoudoirs de mon fauteuil avant de joindre mes mains et de mordiller le bout de mes pousses.Qu'est-ce que je devais faire ? Que devais-je dire ? Fallait-il que je lui colle une baffe puis lui fasse manger sa cigarette-qui-fait-rire ?


Oui, j'avais opté pour la solution pacifiste. Le pauvre devait certainement s'échiner à me faire passer une banne soirée. Il ne fallait voir dans son geste qu'une grande sympathie et un véritable désir de me voir m'amuser. Oui. Certainement. Aussi sûr que j'étais la reine d'Angleterre. God saves the Queen.


Je haussai les sourcils et le regardai le plus sérieusement du monde. J'étais en colère. J'étais hystérique ! Si j'avais pu, j'aurais sauté de mon fauteuil pour lui arracher la gorge.


Je devais être fatigué. Et un poil pompette aussi. En tout cas je venais de fondre un plomb.


Je soufflais. Oui, j'étais bipolaire.

C'était possible que les hommes aient des règles? No? Parce que, vu la façon dont Sherlock se comportait en ce moment, tout laissait John à penser le contraire.
Quant Sherlock fini sa tirade, John le dévisagea l'air impassible, l'air de fixer un point au fond de la pièce juste derrière sa tête, joint au bec. Son petit manège fut l'affaire de quelques secondes seulement, mais cela suffit pour établir un silence glacial entre eux. John prit une dernière bouffée avant de s'exprimer, visiblement à bout de patience:


John détourna son attention une seconde sur le verre de whisky qu'on venait de lui apporter, qu'il paya sans tarder. Il porta le verre à ses lèvres et bu une bonne partie de sa boisson. Ravivé, il cligna des yeux sous l'effet soudain que lui procurait l'alcool.


Il inhala une nouvelle bouffée et expira la fumée lentement sur le visage de Sherlock. Soudain, il se mit à rire et frappa le comptoir du plat de la main. Il ne sut dire si c'était l'effet de l'alcool ou de la drogue, ou peut-être les deux, ou à la soudaine réalisation du double-sens de son geste. Son rire s’apaisa et il leva un regard plus adouci vers son compagnon.

« Pardon, je crois que c'est à cause du fait que t'es visiblement en pleine crise d’œstrogènes qui te rend comique. Passons. Je suis de bonne humeur ce soir alors je vais te faire essayer quand même. Viens là. »

John tira plus longuement que nécessaire et pencha son visage vers celui de Sherlock, l'incitant à approcher en attirant son visage vers lui à l'aide de sa main soudainement nichée derrière sa nuque. John pencha la tête dans le bon angle et ferma les yeux, pressant ses lèvres très légèrement contre celle de Sherlock. Sa main s'assurant que Sherlock reste bien en place - il était possible qu'il s'y prenait un peu férocement, mais il aurait été fâcheux que Sherlock change d'avis sans prévenir-, John écarta les lèvres et celles de Sherlock par la même occasion, procédant ensuite à exhaler en douceur la fumée dans sa bouche. Lorsqu'il eut fini, il se retira et lâcha son ami, souriant, l'air assez content de lui.
Il avait dit qu'il partagerait, mais de là à lui léguer son joint, fallait pas rêver non plus.

Je toussais légèrement quand il eut l'audace de me cracher sa fumée au nez. Néanmoins, je demeurai calme, ayant déjà bien passé mes nerfs. Et puis, eut-être n'avait-il pas totalement tort. Il faut dire que je venais de craquer de façon plutôt...Hystérique ? Oui, je crois que c'était le mot juste. Mais cela ne voulait pas forcément dire que j’appréciais toutes les réponses qu'il me donnait, et encore moins ces petits piques. Remarque, il y avait un certain humour dans ces derniers qui avait le don de me dérider un tantinet.
J'étais tout de même déterminer à lui répondre. Oui. Je jure que j'allais le faire. Seulement, en sentant sa main appuyée contre ma nuque – qui était d'ailleurs froide comme tout, faisant dévaler un frison le long de ma colonne vertébrale – et en voyant son visage se rapprocher du mien, je perdis le fil de mes pensée ainsi que tout le petit monologue rhétorique que j'avais forgé dans mon esprit. Je tentai de reculer ma tête, en vain. J'étais bouche bais -ce qui lui facilita sûrement le travail.
Ses lèvres vinrent se poser contre les miennes, à peine appuyées, ne faisant presque que les effleurer. Je sentis son souffle déverser toute la fumer dans ma bouche, puis dans ma gorge. Le contraste entre la sensation désagréable d'étouffement causée par le tabac que je venait d’inhaler et la délicatesse avec laquelle John m'avait saisit était fort. Le tout donnait quelque chose de surprenant, assez pour me faire écarquiller les yeux et me laisser sans mot quand il mis fin à ce demi-supplice.

Je crachais la fumé en un grand souffle. Les volutes s'élevèrent doucement dans l'air avant de se noyer dans la masse brumeuse de la boîte de nuit. Je le regardais un instant, sous le choc, ne sachant vraiment quoi penser ni comment réagir. Il faut dire qu'il m'avait pris de court ! Je m'attendais bien à tout sauf à ça.


Je lui jeté à présent un regard amusé. Applaudissement son audace -du moins mentalement. Étais-ce un un défis ? Peut-être pas. Mais moi, j'avais envie de le prendre comme cela et de le relever. Au diable les conventions et la politesse. J'étais venu pour m'amuser, non ? Faire le con comme durant mes folles années adolescente ne me ferait certainement pas de mal. Il fallait que je descende de mes grands chevaux, car premièrement, mes air de diva ne semblait lui faire aucun effet et n'allait pas le calmer, puis, deuxième, la vie à Crimson City était déjà assez merdique pour qu'en plus on se prenne la tête.


Oh oui, j'allais lui montrer que je n'était pas qu'une « princesse », comme il m'avait déjà appelé, mais un anglais, un vrai, qui savait s'amuser ! Non mais. J'en avait vu des plus belles et des biens plus coriace dans les pubs anglais !
Je m'approchais un peu de lui avant de m'appuyer sur l'accoudoir de mon fauteuil pour pouvoir d'une main attraper le joint qu'il avait aux lèvre. Je me laissais ensuite retomber dans le siège, l'air ravis, jouant avec la « cigarette » entre mes doigts.


Je tirai une bouffée -manquant de m'étouffer mais tentant de garder la tête haute.


J'avais vu quelque de mes amis faire cela à plusieurs reprises, mais c'était bien la première fois que j'allais moi-même réaliser cet exercice périlleux.
J'entrepris de retourner la cigarette, mettant le côté flambant dans ma bouche et pinçant du bout des lèvres le filtre. Je Levais la main et courber les doigts, lui faisant signe de s'approcher. Voyons s'il allait faire le malin si ce n'était pas lui l'auteur de la plaisanterie

John savoura la réaction de Sherlock, savoura sa bouche entre-ouverte de surprise et ses yeux légèrement écarquillés. Sa joie fut de courte durée par contre quand Sherlock se prit soudainement au jeu - il fallait dire que John s'attendait à ce qu'il lui refasse une scène.
Quand son ami se présenta ainsi avec le pétard donc le « mauvais » sens, John ne pu s'empêcher d'étirer un léger sourire. Et dire qu'il y a quelques heures de ça il n'avait pas envie de venir. Ce soir allait définitivement être intéressant.

Ne voulant pas faire attendre Sherlock trop longtemps, John fini son verre et prit le visage de Sherlock entre ses mains pour avoir une meilleure maîtrise de la technique. Alors, sans se presser, il prit le bout qui dépassait entre ses lèvres et inspira profondément pendant que Sherlock l'aidait de son côté.

Oh God.

C'était si bon que John questionna sa raison.
Il aurait pu rester accroché comme ça aux lèvres de son compagnon des heures durant, mais il ne voulait pas qu'il finisse asphyxié. Ah ça non. Ils n'auraient plus la chance de remettre ça après s'il n'en sortait pas vivant.
Pendant ce temps, la drogue fit son effet en lui - les quelques secondes qui lui prit semblèrent éternelles, et son cerveau s’embrumait délicieusement. Cela valait aussi sûrement pour son ami en face de lui.
Tout ce qui occupait son esprit à cet instant était l'incendie qui se répandait dans son système. Sa peau se sentait électrifiée au contact et des éclairs et des frissons synaptiques étaient envoyés à tout va de la tête aux pieds. Il arrivait à peine à penser tellement il se sentait embaumé par l'effet qui ça lui faisait.

Finalement John s'écarta le souffle coupé, un peu sonné. Il déglutit et ne dit rien alors qu'il tendit la main pour retirer le joint des lèvres de Sherlock doucement pour ne pas le brûler. Le pétard fut écrasé au fond du cendrier sur le bar, et, foutant le reste de bon sens qui lui restait par la fenêtre, John revint coller ses lèvres aux siennes, profitant du fait qu'il était légèrement plus élevé pour prendre appui contre lui.




Juste après il entreprit de sceller sa bouche avec celle de Sherlock pour de bon, lèvres entre-ouvertes. Ce n'était pas forcément un baiser profond mais possessif, comme s'il cherchait à aspirer le souffle des lèvres de Sherlock jusqu'à ses poumons, et, putain, cela suffit à lui faire tourner le tête.
L'un des derniers neurones encore en fonction chez John tentait de le rappeler John à l'ordre, lui rappeler qu'ils étaient tous les temps complètement raides et donc incapables de penser correctement. John essaya de l'écouter, vraiment.

Il se pencha légèrement pour l'embrasser plus profondément et il se sentit un autre frisson le parcourir. Sa main se logea derrière sa nuque une nouvelle fois, le priant de le faire durer encore un tout petit peu plus. Il glissa sa langue à l'intérieur de sa bouche doucement, grondant mollement. Leurs langues se mélangent et son baiser devient plus insistant, plus dévorant, et John se mit à penser où d'autre cette langue pourrait se trouver et oh, il avait l'impression de perdre la tête.

Il mit brutalement fin à leur patin et se mordit la lèvre, le visage à peine surchauffé par l'excitation. Il se dit qu'au moins, il ne serait pas le seul frustré sexuellement ici.

Quoi ? Vraiment ? Restait-il encore quelque chose à faire ? Mon cerveau était déjà assez grisé par la drogue et le peu d'alcool que j'avais bu – certes les effets n'étais pas non plus extraordinaire, mais je me sentais déjà différent. Ma réflexion était un peu engourdie, tout au plus. Mes sens aussi.
Ses lèvres vinrent se reposer contre les miennes. Je ne réagissais pas forcément, croyant qu'il allait encore faire glisser jusque dans mes poumons un peu de fumée grâce à cette douce étreinte. J'entrouvris les lèvres afin de recevoir un peu de cette vapeur aux grandes vertus mais rien de vint. Le grand brun se redressa alors, mettant fin à ce baiser. Je le regardais un peu bête, surpris, mais pas vraiment fâché. Mes yeux azurés, rougies par la fumée et les effets de cette cigarette, ne le lâchaient pas. J'attendais, patiemment, car je savais qu'autre chose allait venir. Je m'y attendait et étrangement, je n'avais pas envie de le combattre. Juste d'attendre et de voir. Alors, il posa de nouveau ses lèvres contre les miennes et sa main contre ma nuque. Je lutais, pas vraiment par dégoût, mais pour voir s'il me retiendrait, ce qui fut le cas. Je me laissais alors faire.
Cette fois-ci, le baiser fut plus profond. Brûlant, même. Sa langue s'insinua entre mes lèvres pour donner naissance à une nouvelle embrasse. J'y répondis presque avec violence, comme si je voulais m'accrocher à ses lèvres, comme si tout en dépendait. Je sentais la goût de l'alcool qu'il avait avalé sur sa langue. J'avais l'impression de perdre les pédale, et s'était si bon et à la fois si bizarre.
Il rompit soudainement le baiser et je repris mon souffle.

Je lui laissai à peine le temps de gonfler ses poumons d'oxygène que ma main vint se balader sur l'arrière de sa tête pour finalement saisir entre mes doigts quelques mèches de cheveux que je tirais, pas assez pour lui faire vraiment mal. Je le forçais ensuite à approcher sa tête de la mienne, effleurant ses lèvres avant de les mordre puis de redonner suite à ce baiser. Je laissais alors glisser mes mains sur son torse avant d'agripper son tee-shirt, le griffant quelque peu au passage. J'étouffais, mais c'était bon. Je n'avait bientôt plus d'air, mais je ne voulais pas arrêter, je...


Je mis fin au baiser en le poussant, me ra-saillant au fond de mon fauteuil avant de contempler la plus grosse erreur de ma vie – après celle de l’entraînement de saut d'obstacle saoul, bien entendu. Je comprenais enfin pourquoi je ne buvais plus autant que dans ma jeunesse : ça me faisait faire des chose dingue, stupide, complètement bizarre.Remarque, c'était pas vraiment désagréable ce ba-TAIS TOI SHERLOCK.
Je pris ma tête entre mes mains. Ah ah. Quel con. Qu'est-ce que je venais de faire ? Non, qu'est-ce que l'alcool et la fumette venait de me faire faire ? Ce n'était clairement pas mon choix. Non. J'avais agis avec la logique de la boisson. Oui.


Une jeune fille en petite tenue arriva à ma hauteur avant de pencher un plateau vers moi. Je la regardait, un peu surpris, mais aussi assez agacée d'avoir été coupé en plein milieu de ma phrase.


Elle sursauta. Bon, pas étonnant. Ma réaction avait été un peu...Comment dire... Inattendue.


Elle finit par partir, quant à moi, je reportais mon regard vers John.

La réaction de John fut on ne plus naturelle quand il sentit Sherlock happer ses lèvres à nouveau pour un autre baiser; il y répondait avec la même ardeur, et ses mains tentait d'attraper aveuglément n'importe quoi qui était Sherlock. Lorsque Sherlock mordit sa lèvre, John tressautant, comme si on venait de sonner l'alarme en lui. Il ne savait dire pourquoi, et son cerveau embrumé qui rendait ses mouvements incoordonnés et maladroits n'aidait pas. Il ne parvenait pas à se souvenir pourquoi c'était une mauvaise idée que Sherlock abusait ses lèvres de la sorte, ou même si c'était une mauvaise idée. Cela lui semblait que c'était une chose qui était une mauvaise idée.

Il sentit soudainement les lèvres de son compagnon se détacher des siennes alors qu'il le repoussait. Bon sang, quelle mouche l'avait piqué pour qu'il s'arrête en si bon chemin? John le dévisagea perplexe, les sourcils froncés. Derrière Sherlock dansaient les lumières flashys de la boîte, c'était joli. Sherlock aussi avait l'air joli sous les lumières.

Ah. D'accord. Clairement Sherlock ne s'amusait pas autant que John l'avait espéré. Ok.

John, blessé d'être rejeté de la sorte? Si peu. Mais il fallait dire que sa fierté en prit un coup. John se leva de son tabouret et vacilla légèrement, les effets de la drogue et de l'alcool se faisant sérieusement sentir maintenant qu'il bougeait. Il alla derrière le siège de Sherlock et le poussa, ils sortirent du night-club ensemble. Sous les indications de l'autre homme, John retrouva le bloc où l'handicapé vivait au bout de quelques minutes de marche.
Il décida de l'accompagner jusqu'en haut, refaisant le même manège d'il y avait de cela à peine quelques jours, gravissant les marches avec la même maladresse.

Il poussa la porte de l'appartement une fois déverrouillée et laissa son ami rouler tout seul alors que lui resta sur le palier. Il toussota dans son poing.

« Bon, bah. On se dit au revoir? On s'serre la main? »

Il n'avais pas l'air ravi de ma réaction. En même temps, je venais littéralement de le briser dans fougueux son élan. Mais bon. Mieux valait s'arrêter là, ce n'était pas sérieux. Il fallait que nous nous comportions comme les deux adultes sérieux que nous étions – en partant du principe que deux hommes venant de boire et de fumer un joint avait un minimum d'intégrité. Je préférais donc ne pas répondre. Après tout, à quoi bon si ce n'était le mettre un peu plus en colère ? Et puis, je n'avais rien à dire.

Mon compagnon de soirée eut quand même la gentillesse de me raccompagner et ce sans rien tenter de plus. Chose admirable de sa part et que je respectais pas mal l'air de rien. En tout cas, un gros coup de barre se fit sentir sur le chemin du retour. Je baillai avant de balader mon regard sur ce qui m'entourait.
Les rues étaient presque vides, à peine éclairées. Moi qui avait pourtant peur de me retrouver dehors en soirée, j'étais pour une fois rassurée, ou plus exactement pas assez réveillé pour me soucier de quoique ce soit. J'étais dans une sorte de phase post-somnolante, dans le gaz. Le trop plein d'émotions fortes avaient du me mettre un sacré coup derrière la nuque et peut-être aussi le mélange de boisson et de cigarette. Je n'avais pas fumé depuis longtemps, j'avais dû perdre l'habitude. Pas étonnant dans ce cas que je sois aussi claqué.
On glissa encore dans les rues durant environ trente minutes, je crois. Ou peut-être plus. Je ne me rendais plus bien compte. Le seul moment ou j'ai à peu près repris conscience, ce fut quand nous montâmes les marches. Mon siège butait presque à chaque fois, me faisant remuer de façon désagréable. Mais je restais mué. A vrai dire, je commençais à peine à méditer sur ce qui c'était passer durant la soirée. Je dois admettre que je ne savais pas trop quoi en penser. C'était mal, mais en même temps, je regrettais à peine. Et pourtant, y penser me donnait la nausée et me retournais le cœur. C'était du regret ? Je ne sais pas. C'était juste bizarre et désagréable.

On arriva finalement jusqu'à la porte d'entrée. Je me redressais en grommelant. J'étais si bien assis à ne rien faire, un peu comme durant ces voyages nocturnes en voiture qu'on passe avachis dans un siège confortable, à la fenêtre, à regarder bêtement les étoiles. Je poussais donc les roues, m'avançant vers l'entrée avant de l'ouvrir. John, lui décida de rester sur la palier. Il me demanda s'il fallait se dire au revoir. Oui. C'était le cas. Mais je n'avais pas envie que la soirée se finisse. Je ne sais pas pourquoi, cela me décevait presque que ce soit le cas. Je veux dire...Et maintenant quoi ? J'allais resta là, tout seul à cogiter toute la nuit ? Ça ne me branchait pas trop. En même temps, pouvais-je vraiment demander à quelqu'un que je venais de jeter et à qui j'avais dit que je voulais rentrer que finalement je voulais qu'il me tienne encore compagnie sans avoir ce qu'il voulait – si du moins il n'était pas comme moi passé à autre chose...Enfin je crois que j'avais tourné la page.

Je restait un instant, perplexe, ne sachant vraiment quoi lui répondre. Je passais ma main dans mes cheveux, je regardais ailleurs, je devais avoir l'air très con – entre autre.


Il allait certainement m'égorger. Oh oui, il devait bouillonner de l'intérieur. Ah, moi et mes caprices. Il faut dire que j'avais été mal habitué. En plus de ça, j'étais quelqu'un de plutôt paradoxal. Je changeais vite d'avis. Dur de me suivre, n'est-ce pas ?


On pourra quoi ? Parler ? La blague, j'arrivais à peine à le regarder dans le blanc des yeux. Mais où était donc partie toute mon assurance ? Cette attitude désinvolte de toute à l'heure ?


Je me raclais al gorge. Est-ce que j'avais vraiment envie de m'expliquer ? Je crois pas.

« Tu veux pas rester ? Enfin. Si tu veux. On pourra...On pourra... »

La gorge de John devint toute sèche tout d'un coup; il sentit la colère monter légèrement en lui, aussi minime soit-elle - il devait bien s'amuser celui-là à le faire tourner en bourrique. John n'arrivait pas à le cerner, et ça la frustrait. Le brun fixa l'autre dans les yeux pour essayer d'y voir ses véritables intentions, chose qu'il ne parvint pas, et ça le foutu encore doublement en rogne.

« Je sais que je change d'avis toute les cinq minutes. Je te l'accorde. Mais s'il te plaît, reste, au moins que...Je sais pas, qu'on mette les choses au clair. Tu crois pas ? »

John mordilla sa lèvre, détournant le regard de lui. Il avait vu que les yeux de Sherlock reflétaient de la nervosité, il n'était plus du tout aussi assuré qu'il ne l'avait été il y a peu. John prit une profonde inspiration, une presque comme un soupire, ayant peur de prendre l'invitation de Sherlock pour ce qu'elle n'était pas. Oui, c'est cela, c'était l'alcool qui l'empêchait de penser proprement. Pourtant il n'était pas saoul à ce point, il le savait; quand il était vraiment bourré, c'était les moments où il était le plus insupportable; une minute presque cohérent et pestant, l'autre minute il pouvait se mettre à marmonner et sangloter comme s'il avait perdu le reste de santé mentale qui lui restait.


Puis il se souvint de la présence de Sherlock et il répliqua soudainement.


Il tenta de sourire sincèrement mais il ne réussi pas à en sortir l'amertume.
Il avait des fourmis dans les doigts, ses bras pendant de chaque coté, inutiles, et c'est là que John décida enfin d'agir.
D'une geste leste, John tendit le bras et le posa sur le dossier de son ami, face à lui, le surplombait de toute sa taille et le fixant dans le blanc des yeux, l'air le plus sérieux du monde.



Il en avait marre de tourner autour du pot.

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